08/06/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Un monde féérique dans le Détroit

01/03/1986
Rivages de rocailles et de gravier baignés par des eaux claires comme du cristal.

Le resplendissant plan d'eau bleu­ vert est çà et là brisé par des îles plates qui s'élèvent soudain au-dessus des écueils de coraux. Au large de leurs rives blanches, les bancs de poissons multicolores s'engouffrant par ci par là dans les coraux forment un gigantesque kaléidoscope. Et les bateaux de pêche co­lorés voguent sur ces eaux placides en quête d'une proie.

Souvent la ligne des rivages de ba­salte ressemblent à une palissade de bambou qui semble rappeler leur origine volcanique. A l'arrière, de vénérables temples dominent les vieux villages et les champs.

L'archipel des Peng-hou, dit aussi des Pescadores (des Pêcheurs), est situé à 50 km au sud-ouest des côtes de la ma­gnifique et active Taïwan, mais ses eaux vierges et son mode de vie idyllique sem­blent démentir cette proximité. Cet archipel de 64 îles, complètement épargné par la modernisation, fait éclat dans ces autres parties éparses de la pro­vince insulaire. Non seulement l'envi­ronnement et la beauté naturelle des Peng-hou ont été préservés, mais le mode de vie traditionnel et la civilisa­tion, qui ont été apportés du continent chinois il y a quelques siècles, n'ont guère été affectés par les influences extérieures.

 

Roches brutes sculptées par la mer.

Le nom de Peng-hou [澎湖, lire P'eng-hrou] proviendrait d'un ancien nom donné à ces îles par les paysans ou les pêcheurs du Foukien. Ces derniers auraient appelé l'endroit «pin-ô», écrit (en pékinois) p'ing-hou [平湖] ou le lac calme, faisant référence à l'espace marin calme entre les trois îles de Peng-hou, Paï-cha [白沙] et Yu-wong [漁翁].

Bien que les premiers habitants venus du Foukien (du Sud) ne se soient installés aux Peng-hou que sous la dynas­tie Song (960-1279), il y a tout lieu de croire que la présence chinoise dans ces îles était plus ancienne, comme semblent le prouver de nombreuses traditions et légendes de cet archipel.

Les anciens Chinois du continent croyaient que les îles côtières de la Chine étaient habitées par des divinités. Selon une légende, le Premier Empereur de la dynastie Ts'in (221-206 av. J.-C.) avait envoyé un moine taoïste vers ces îles du Sud-Ouest du Foukien (probable­ment les Peng-hou) pour y rapporter le secret de l'immortalité. Le précieux objet que le moine ramena fut une cacahouette.

Les eaux calmes d'un petit port de pêche des Peng-hou.

La découverte de fragments de pote­rie des dynasties Ts'in et Han témoignent justement d'une présence chinoise précoce, mais il n'existe aucun texte pour en préciser la nature. La plus ancienne mention relevée dans un poème de Che Kien-wou [施肩吾], de la dynas­tie Tang (618-907), fait état d'un voyage aux Peng-hou. Cependant, l'immigration à une époque si lointaine fut sans doute de très peu d'importance à cause de la disponibilité de terres ouvertes sur le continent et surtout de la difficulté d'un voyage à travers les eaux perfides du dé­troit de Formose pour un lieu totalement inconnu.



La densité démographique crois­sante, les difficultés économiques et les conditions sociales de la Chine des Song (Xe-XIIIe siècles), en particulier dans le sud de la province de Foukien, doublées de l'amélioration de la construction navale et de la navigation, furent finale­ment favorables à l'installation rapide d'émigrants dans l'archipel des Peng-hou et en même temps de son incorporation dans le giron du monde chinois.

Les premiers colons des Song furent surtout des pêcheurs, attirés vers ces îles aux eaux abondantes en poissons, aux terres nues et à la liberté hors des fron­tières, Toutefois, la vie dans ces terres nouvelles eut ses revers, En 1711, par exemple, les colons chinois furent atta­qués et pillés par des pirates visayans venus des Philippines, au point que Wang Ta-yu, préfet de Tsiuan-tcheou, ville portuaire du Foukien que l'on identifie avec «Zaïton» des Persans·, décida d'expédier plus de deux mille soldats dans ces îles à la fois pour les protéger et les coloniser.

L'excellente situation des Peng-hou dans le détroit de Formose a fini par élever son statut de village à celui de port de commerce, devenu une escale ré­gulière de la plupart des marchands malais et persans. Peng-hou servit aussi de base pour commercer avec les abori­gènes taïwanais et, plus tard, avec les nombreux comptoirs chinois de Taïwan.

La dynastie Yuan (1271-1368) fut une période de grande émigration chinoise vers les Peng-hou. Et sous le règne de l'empereur Khoubilaï khan, ou Che­ tsou [世祖] (règne 1264-1294), les îles furent élevées au rang de hsien [縣], sous-préfecture.

L'expulsion de la dynastie mongole et l'accession de la dynastie nationale Ming en 1368 apportèrent un véritable changement de politique à l'égard de ces îles. Comme la cour refusait de les recon­naître territoire de l'empire, la piraterie et le marché noir s'y installèrent sans que l'administration impériale pût y mettre bon ordre. Elle se borna à inter­dire la navigation dans le Détroit et à rap­peler en 1387 tous les habitants chinois des Peng-hou sur le continent. Cepen­dant, les édits impériaux furent beau­coup moins stricts dans leur application, et de nombreux Chinois restèrent dans les îles ou bien allèrent s'installer à Taïwan tandis que la piraterie et le com­merce clandestin continuèrent de fleurir dans la région.

Séchage des poissons sous un soleil de plomb.

Au milieu du XVIe siècle, les Euro­péens firent voile vers la Chine. Les Por­tugais débarquèrent aux Peng-hou et les nommèrent Ilhas dos Pescadores (îles des Pêcheurs). Ce siècle-là, le commerce fut très florissant dans le Détroit. Il était devenu un pôle d'attraction pour la piraterie dont les Peng-hou, vu la diversité de leurs îles, étaient un important repère. De là, les convois maritimes pou­vaient être aisément pris en chasse tandis que les côtes foukiénoises deve­ naient la cible de rançonnage.



En 1563, le général Yu Ta-yeou [俞大猷] fit construire une ville fortifiée sur les Peng-hou, An-ao [安澳] servant de point fort contre la piraterie. Mais les ef­ forts des Ming furent insuffisants pour soumettre ces forces illégales. En 1574, un fameux pirate, Lin Fong avait établi son quartier général sur l'une des Peng­ hou qu'il tint près de deux ans.

A l'approche du XVIIe siècle, les Hollandais entrèrent dans la course avec les Portugais pour le commerce avec la Chine, et en 1602 la Compagnie néerlandaise des Indes orientales s'installa aux Peng-hou. Vingt ans plus tard, elle avait fait construire une place forte aux Peng­ hou pour sa flotte. Mais, la cour des Ming ne put tolérer cette main-mise des forces hollandaises qui se replièrent alors à Formose où elles édifièrent le Kasteel Zeelandia, près de l'actuelle Taïnan.

Les restaurants présentent sobrement leurs fruits de mer vivants.

A la chute des Ming, face aux forces mandchoues de la nouvelle dynastie Ts'ing, les îles Peng-hou reçurent une si­gnification nouvelle et militaire. Le gé­ néral loyaliste des Ming, Tcheng Tch'eng-kong [鄭成功], dit aussi Koxinga, prit appui sur ces îles pour re­ prendre Taïwan aux Hollandais en 1661, un succès qui devait placer Tàiwan sous les auspices des Ming pendant une ving­ taine d'années. Finalement, en juillet 1683, les Peng-hou furent le champ de bataille navale décisif entre les dernières forces des Ming et la dynastie Ts'ing pour l'hégémonie chinoise. Le général Che Lang [施琅], des Ts'ing, défit la flotte Ming sous les ordres de Tcheng K 'o-chouang [鄭克塽], petit-fils de Tcheng Tch'eng-kong, dans les eaux des Peng-hou et permit ainsi la réunification des Peng-hou et de Taïwan au continent chinois de la dynastie Ts'ing.


Peu affectée par cette longue domi­ nation chinoise, la population penghou­ vienne (des Peng-hou) continua de vivre essentiellement du produit de la pêche et de la petite culture vivrière, tandis que Makong, le chef-lieu, mainte­nait une relative prospérité comme petit port de commerce entre Taïwan et le continent (Foukien), ainsi qu'avec les marchands européens.

Ce n'est que vers la fin de la dynastie Ts'ing, après la Guerre franco-chinoise (1884-1885), que les Peng-hou reçurent quelque attention comme point straté­gique d'importance. Selon le gouverneur de Taïwan, Lieou Ming-tchouan [劉銘傳], les plans de modernisation et de dé­fense tinrent compte des leçons de l'his­toire, et l'archipel devint vraiment la «porte vers Taïwan».

En 1887, un épais rempart protégea la ville de Makong. Un grand fortin, Si-taï Kou-pao [西台古堡] fut construit à Si-yu sur Yu-wong et équipé d'un arme­ ment lourd moderne provenant d' Angle­ terre et d'Allemagne. Cependant, quelques années plus tard, en 1895, les Peng-hou et l'île de Taïwan étaient cédées au Japon à l'issue de la Guerre sino-japonaise. En 1945, l'archipel fut rendu avec Taïwan à la République de Chine. En 1960, il devint le seizième et le plus petit hsien de la province de Taïwan.

Les luxueuses cabines des plages penghouviennes.

Aujourd'hui, les 21 îles de cet archi­ pel balayées par les vents sont habitées d'une population d'environ 120000 ha­bitants, dont la plupart ont un monde de vie assez peu différent de celui de leurs ancêtres.

Les terres stériles et le climat sec et venteux ont grandement influencé la composition sociale des premiers établis­ sements, basée sur le système familial de grande étendue du Foukien et fort bien adapté à sa répartition dans les îles.

La pénurie d'eau (potable) et les dif­ficultés de forage en profondeur, ou son coût élevé, a limité l'habitat et en fait a forcé les gens à rester groupés en de pe­tites agglomérations dont les habitants sont souvent d'ascendance commune et portent le même patronyme. Ces villages «familiaux» ont généralement collaboré à la construction navale, à l'exploitation des ressources halieutiques, au forage de puits et à la construction immobilière (logements et temples). Et bien en­ tendu, les villageois d'une même famille et fortement unis se rassemblaient pour célébrer ensemble les rites en l'honneur des ancêtres communs. Bien qu'à pré­ sent, ces liens se soient relâchés, ils sont toujours très vivaces. A Paï-cha, les trois anciens villages « patronymiques», Tsaï [蔡], Hiu [許] et Tchang [張] illustrent particulièrement ce point.

L'intérieur des îles possède souvent une note quelque peu insoupçonnée.


Les maisons, construites avec un conglomérat de pierres grisâtres et d'origine corallienne ou volcanique, appelé localement colautsio, ou kou-lao che [咕咾石], ont gardé une apparence vieillote et noueuse; les étroites ruelles rappellent notamment l'ambiance d'un autre temps; et les activités quotidiennes des habitants résonnent de l'héritage des grands-parents. Les bateaux de pêche stylisés aux couleurs vives voguent dans les eaux claires et passent avec habileté entre les écueils et les récifs. Moisson­nant la mer, ils nourrissent ces familles archipélagiennes et commercent avec Taïwan.




Sur une route moderne insulaire ...




Le long des ruelles et dans les cours, s'alignent de grands paniers remplis de crevettes, de petits poissons et de calmars qui sèchent là sous la cha­leur ardente du soleil. Les Peng-hou sont réputées pour leurs produits séchés de la mer dont la variété des mets savou­reux ne se retrouve nulle part ailleurs.













Chaque foyer, ou groupe de familles, possède des champs entourés de mu­rettes aussi en colautsio pour se protéger des vents infernaux qui balaient les îles. On y sème toutes sortes de légumes tandis que le melon et l'arachide ont plus de succès dans ce solaride et sablon­neux au climat chaud. La plus grande partie est d'ailleurs vendue à l'extérieur. L'arachide des Peng-hou, réputée pour son parfum délicat et sa qualité exceptionnelle, est une importante source de revenus pour l'archipel.

Les femmes, en plus de leurs tâches ménagères, sont en général aussi respon­sables des travaux des champs. Dehors, elles portent alors de grands voiles en toile pour se protéger de maux que cau­sent les rayons vifs du soleil et les vents forts sur ces terres.

Une moisson peu ordinaire dans les rivages limpides.

Les villageois de même patronyme se réunissent régulièrement dans la salle des ancêtres où ils réaffirment leur ap­partenance commune. Le village de Wa­ jong-kiuan, à Pài-cha, est habité par le clan (famille) Tchang [張] qui est arrivé aux Peng-hou au XIVe siècle sous les Yuan. Ce village fut créé par un pêcheur qui, après la découverte d'une impor­tante quantité d'or, fut surnommé Tchang le millionnaire [張百萬, pron. Tchang Pai-wann].






Un petit village insulaire formé autour du temple familial.

Le village grossit et prospéra pendant des générations jusqu'à ce que le fong-choueï[風水], l'é­quilibre géomantique soit perturbé par la construction abusive de maisons. Dès lors, la fortune du clan Tchang a décliné. Dernièrement, il a édifié un magnifique temple en l'honneur de ses ancêtres dans l'intention de réconquérir par cet acte de piété filiale la bonne fortune du village. La salle des ancêtres est en même temps un lieu de réunion où tous les membres du clan peuvent prier en­ semble leurs ancêtres et où des décisions d'intérêt général peuvent être prises.

Cette croyance traditionnelle et cette unité familiale est toujours très vivante dans l'île de Tong-pan. Là, les 400 habitants de cet îlot ont rassemblé plus de 10 millions de yuans (env. 250 000 dollars américains) pour cons­truire un immense et splendide temple bouddhiste. D'une manière générale, les pêcheurs plus pauvres ont un esprit religieux vivace et la fierté d'appartenir à une même communion.

Les Peng-hou possèdent plus de trois cents temples, la plupart dédiés au culte de Matsou [媽祖], la divine protec­tice des pêcheurs. La ville de Makong se vante de posséder le plus ancien temple de la province (de Taïwan), le Tien-heou Kong [天后宮], ou le Palais de l'Impéra­trice céleste, construit en 1592 et sans doute l'un des plus élégants.

Les toits gracieux et incurvés, de style sud­ foukiénois, sont bordés de sculptures très élaborées. Les intérieurs spacieux aux décorations sur bois et sur pierre très fines semblent remplis de mystère et de tranquillité.

A Makong, sur le front de mer, près du port, se tient le Palais des Choueï-sien [水仙], construit en 1696 et dédié aux cinq immortels de l'eau, protecteurs des marins. Autrefois, les marins, débar­quant à Makong, s'y rendaient volontiers pour remercier le Ciel d'avoir pu traver­ ser le Détroit sans incident. Puis le temple devint peu à peu le lieu de ren­contre des marchands.

Dans le quartier des affaires, il ya le temple de Tcheng-houang [城隍], cons­ truit en 1799 et dédié à ce dieu qui comp­ tabilise les bonnes et mauvaises actions des mortels sur son immense abaque. Il décide ainsi de leur sort après leur mort. Sous la dynastie Ts'ing, tous les fonc­ tionnaires étaient tenus d'aller rendre compte à Tcheng-houang les 1er et 5 de chaque mois (lunaison).

A l'ombre du vieux banian de Paï-cha.

Non seulement, les Peng-hou ont une richesse d'histoire et de culture, mais elles sont aussi un lieu de récréation agréable et pittoresque.



Les environs pai­sibles et de détente sont tout de suite une merveilleuse retraite loin des bruits de ce monde. Makong possède toutes sortes de boutiques et magasins où l'on peut se procurer depuis de magnifiques bijoux en corail jusqu'aux produits séchés de la mer. Et le fin du fin semblent être tous ces petits restaurants qui offrent à leurs clients les délicieuses spé­cialités marines de l'archipel.

Les autres îles peuvent être atteintes par bateau depuis Makong. Elles offrent un aperçu direct du mode de vie simple et traditionnel qui s'est transmis de géné­ration en génération.









Une ruelle entre les habitations regroupées des Peng-hou.

Toutefois les trois principales îles de l'archipel, Peng-hou (proprement dite), Paï-cha et Yu-wong, sont reliées par le plus long ouvrage d'art d'Extrême-Orient, le pont de la baie de Peng-hou, qui permet de s'y rendre en voiture.

A Paï-cha, près du pont, un majes­tueux banian de 300 ans d'âge, à tronc démultiplié, se tient en face d'un petit temple. Ses innombrables longues ra­cines aériennes, plongeant sur un par­ terre de 700 mètres carrés, créent en leur milieu un endroit bien frais et bien ombragé où des bancs et des tables de pierre accueillent les voyageurs fatigués. Paï-cha possède plusieurs petites plages merveilleuses où les visiteurs peuvent se dorer tranquillement au soleil et profiter à merveille de ces eaux bleues si limpides. Au large, la mer pellucide des Peng-hou offre tout un spectacle fantas­tique avec ces poissons multicolores qui échappent difficilement à l'observateur.

Les Peng-hou offrent beaucoup plus à ceux qui s'intéressent à l'histoire et la civilisation de la Chine, aux gourmets de produits de la mer, aux épris du farniente sur des plages ensoleillées de sable blanc.

Il est agréable que cet endroit qui n'a point été conquis par le mercantilisme de notre époque, ait gardé toute sa beauté naturelle et la simplicité de son mode de vie.

 

Rédigé par Tom Audolensky

Notes et corrections historiques de Sa Andeh.

[Note: Peng-hou (ou mieux P'eng-hou), dont l'orthographe en usage en République de Chine est Penghu, a porté sur les atlas occidentaux le nom (rarement traduit) que les Portugais leur ont donné au XVIe siècle, îles (des) Pescadores. Cet archipel est parfois abusivement scindé en deux, le groupe septentrional qui garde le nom de l'ensemble et le groupe méridional baptisé îles Rover. Sous l'occupation japonaise, les idéogrammes chinois originaux de ces toponymes furent retenus, mais prononcés différemment. Ainsi les Hôko (Peng-hou) sont le nom que l'on peut trouver dans des ouvrages plus anciens. Sous la IIe Guerre mondiale, le port de Makô (Makong) fut une importante base navale japonaise.]

*Le texte anglais a écrit par erreur « le port de Tchang-tcheou (ou Changchou), aujourd'hui Tsinkiang (ou Chinchiani) ». Or Tsinkiang est un autre nom de Tsiuan-tcheou [泉州], port en eau profonde qui s'est envasé, que l'on a pu identifier avec Zaïton (Zaytûn), nom arabo-persan d'un port chinois, grâce aux découvertes archéologiques (inscriptions en ca­ractères syriaques, arabo-persans et chinois du XIIe siècle). Marco Polo et Ibn Battoûta l'ont décrit comme l'un des plus grands ports de l'Orient à leur époque. On est quelque peu perplexe quant à l'ori­gine chinoise de ce nom, car on ne relève pas de nom chinois analogue à cette transcription. Il semble que l'appellation étrangère de Tsiuan-tcheou pro­vienne d'un surnom plus familier et significatif. A cause des nombreuses érythrines plantées le long des rues et dans les jardins de cette ville, les habitants l'ont vite baptisée (la ville aux) Erythrines, en sud­ foukiénois dzouï-tong[稅桐, en pékinois joueï-t'ong] (auj. ts'eu-t'ong [刺桐]). Les résidents musulmans l'auront transcrit (en caractères arabes) Zaytûn (ou Zaytôn). C'est ce dernier nom, à défaut de toute autre appellation chinoise, même altérée, que les deux grands voyageurs mentionnés plus haut ont rapporté dans leur ouvrage. D'aucuns ont longtemps refusé à Tsiuan-tcheou d'être le site de Zaïton du fait de son manque de débouchés naturels vers l'inté­ rieur. Mais la fermeture des ports aux étrangers est la conséquence du déclin de Tsiuan-tcheou. Le site d'Amoy, ou Hiamen, est plus récent et ne date que de la dynastie Ming.

D'autre part, Zaïton, sous cette appellation étrangère, a donné son nom au tissu de satin qui en provenait. [En arabe zaytûnî, c'est-à-dire de Zay tûn (ou Zaïton), port de Chine, d'où acetuni (castillan) et zatany (français médiéval)]

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